• Annie Wang, Lili

    452 pages

    Résumé :
    Les années 1980, Lili, une jeune Pékinoise de vingt-quatre ans, a été condamnée à trois mois de "réhabilitation par le travail" pour hooliganisme.
    A sa sortie de prison, elle décroche un boulot d'accompagnateur touristique et s'échappe dans les steppes mongoles. Après une adolescence marquée par les excès de la Révolution culturelle, c'est le début d'une renaissance. Là-bas, Lili renoue avec la musique et l'insouciance. Elle rencontre Rov, un journaliste américain antimilitariste, qui va l'initier à l'amour... et à la démocratie. Délicats apprentissages pour cette fragile jeune femme encore traumatisée.
    A son Pygmalion assoiffé d'idéal et passionné par le bouddhisme, Lili explique crûment la dérive des jeunes Chinois, la prison, le conformisme moral étouffant, l'horreur des années maristes... Et c'est peu à peu la conscience citoyenne de Lili qui s'éveille. Quand éclate la révolte estudiantine de juin 1989, on la suit sur la place Tienanmen, à la rencontre des grévistes de la faim prêts à mourir pour une certaine idée de la liberté.
    Un remarquable premier roman qui trace avec force et authenticité le portrait vibrant d'une jeune Chinoise en pleine révolution.


    Critique :
    J'ai pris ce roman pour le challenge ABC et je me suis rendue compte après coup qu'il était déjà rempli pour l'auteur en W. Le résumé ne me tentait pas plus que ça mais une fois un livre entre les mains ce n'est pas possible que je ne le lise pas !
    Finalement c'est une bonne découverte ! J'ai retrouvé un peu la même ambiance que dans Balzac et la petite Tailleuse chinoise à certains moments. C'est la même période de la révolution culturelle. Les parents de Lili doivent aussi partir en rééducation dans des villages de paysans. Ils s'y passent des choses horribles. Le roman d'Annie Wang est en revanche plus détaillé. On a un cadre beaucoup plus large qu'avec Dai Sijie puisqu'on voit ce qui se passe dans les campagnes, mais aussi dans les villes, à Pékin notamment. Les deux romans se font donc écho et si vous en avez aimé un, vous aimerez l'autre !
    Lili est un personnage formidable. Elle brise les règles, refuse de suivre le mouvement. Elle est courageuse et pleine de vie ! J'ai vraiment apprécié de suivre son histoire et en même temps celle de la Chine. Sa relation avec Rov est très belle. Il y a de l'amour mais tout en finesse. Lili est une personne haute en couleur, un peu vulgaire parfois, mais avec Rov elle se transforme petit à petit. Suivre Lili, c'est faire un voyage initiatique au coeur de la Chine.
    Rov est un américain et il ne connait pas bien la culture chinoise. Il se questionne beaucoup, ainsi que les personnes qu'ils rencontrent, et c'est en grande partie grâce à lui qu'on en apprend plus sur la Chine du XXème siècle.
    Le livre se lit bien. Wang a une écriture qui passe bien. On reste captivé par cette histoire, même si on peut s'en détacher assez rapidement, car on ne peut se retrouver ni dans les personnages ni dans l'histoire.
    Ce livre a encore beaucoup de points positifs et il mériterait à être plus connu ! J'arrête là ma chronique mais je vous invite à découvrir Lili par vous-même.


    La phrase de la fin :
    "La Lili de Pékin est morte cette nuit-là, mais quelque temps après, de l'autre côté de l'océan, une nouvelle Lili naissait."

    B.


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  • Dai Sijie, Balzac et la petite Tailleuse chinoise

    229 pages

    Résumé :
    « Nous nous approchâmes de la valise. Elle était ficelée par une grosse corde de paille tressée, nouée en croix. Nous la débarrassâmes de ses liens, et l'ouvrîmes silencieusement. À l'intérieur, des piles de livres s'illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains occidentaux nous accueillirent à bras ouverts: à leur tête, se tenait notre vieil ami Balzac, avec cinq ou six romans, suivi de Victor Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, et quelques Anglais : Dickens, Kipling, Emily Brontë... - Quel éblouissement! - Il referma la valise et, posant une main dessus, comme un chrétien prêtant serment, il me déclara : Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde. »


    Critique :
    C'est une histoire touchante et poignante qui se déroule pendant la révolution culturelle en Chine. On apprend beaucoup de chose sur cette période et la dictature de Mao Zedong. Vivre cette oppression à travers ces deux personnages, amis depuis l'enfance, nous ouvre vraiment les yeux. J'ignorais complétement que les enfants considérés comme "intellectuels" devaient partir en rééducation parmi les paysans. Nos deux amis, issus tout les deux de familles "ennemies du peuple", doivent donc partir pour la montagne du Phénix du Ciel dans la province du Sichuan.
    Le narrateur joue du violon alors que son ami, Luo, est un conteur d'histoire.
    On suit donc leurs péripéties dans cette montagne. Ils ont un autre ami, le Binoclard, qui possède des livres, chose absolument interdite à cette époque. Ils vont lui rendre des services en échange de livres. C'est en lisant qu'ils vont apprendre ce qu'est l'amour.
    Après avoir lu ce livre, on se rend compte de la chance que nous avons de pouvoir lire sans aucune censure. Peut importe ce que les livres racontes, s'ils critiquent le régime ou la personne au pouvoir.
    La petite tailleuse chinoise est une simple paysanne dans la montagne, mais grâce aux livres, à l'éducation qu'elle va recevoir d'eux, elle s'épanouit. Elle veut alors découvrir la vie, elle ne peut plus rester simplement dans sa montagne. On comprend ici à quel point les livres sont importants pour l'épanouissement d'une population.
    En bref, c'est une belle histoire d'amour pendant la révolution culturelle de Chine qui nous montre l'importance de la liberté d'expression.


    La phrase de la fin :
    "- Elle m'a dit que Balzac lui a fait comprendre une chose : la beauté d'une femme est un trésor qui n'a pas de prix."

    B.


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  • Shan Sa, La joueuse de go
    325 pages


    Résumé :
    La Joueuse de go est une fable à double partition. Les courts chapitres tressent puis mêlent les destins croisés du jeune soldat et de la petite joueuse de go. Phrases courtes, verbes tendus vers l'essentiel, les mots aiguisent, tels des traits de calligraphie, leur portrait. Leur culture, l'histoire de leur pays, leur enfance, leurs amours, tout les sépare, à l'exception de leur détermination face au damier carré et aux pions de bois. Le go révèle leurs âmes au-delà de la ferveur impérialiste du jeune Japonais et de l'enthousiasme résistant de la joueuse mandchoue. Mais l'amour sait-il se contenter de la tranquille plaine de l'âme ? Peut-on laisser de côté sa nationalité alors qu'autour des joueurs la torture et la haine font rage dans la Mandchourie occupée ?


    Critique :
    C'est un livre que je voulais lire depuis longtemps, n'ayant entendu que de bonnes critiques à son sujet. La lecture a été très agréable. J'aime beaucoup le style de l'auteur. C'est simple, court et poétique. J'avoue que je ne connais que moyennement la culture asiatique. C'est sympa de la découvrir à travers les personnages. Je pensais qu'il y aurait plus d'amour entre les personnages principaux. La fin m'a beaucoup surprise !


    La phrase de la fin :
    "Pour contempler ma bien-aimée, je fais l'effort de garder les yeux ouverts."

    B.

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