• Condie Raïs, C2H402

    118 pages

    Résumé :
    Une sociopathe qui tue tous ceux qu'elle touche, un frappadingue qui veut réussir dans le roman sentimental, une stagiaire subissant un harcèlement d'un nouveau genre, une dingue qui pense que John Wayne est toujours vivant, une petite fille inquiétante, un gigolo qui picole comme un trou, une femme humiliée et des philosophes néo-kantiens qui s'étripent... Tels sont les personnages de ces huit nouvelles dans lesquelles on oublie souvent que boire et fumer nuisent dangereusement à la santé.


    Critique :
    Tout d'abord je tiens à remercier l'auteur qui m'a gentillement proposé de m'envoyer son recueil de nouvelles. Je suis toujours curieuse pour découvrir la plume d'un jeune auteur. Il faut avouer que les critiques que j'ai pu en trouver sur d'autres blogs m'ont semblé très prometteuses, mais il n'est pas de meilleur avis que le notre !

    Dans l'ensemble, ce fut une lecture agréable. C'est déjà un pari gagné avec moi puisque je n'apprécie que rarement les nouvelles. L'auteur m'avait prévenu que je ne trouverai pas de connexion logique entre les nouvelles et effectivement, elle touche un peu à tout les domaines. Je reste sur ma position : je trouve ça un peu dommage, une unité dans un recueil (quel qu'il soit) c'est quand même indispensable. Cependant on retrouve le même ton ironique et noir, ainsi qu'un personnage récurrent, l'auteur elle-même ! Elle ne se prend pas au sérieux et ça m'a assez amusé d'imaginer l'auteur en train d'écrire son propre personnage. On retrouve également à plusieurs reprises un auteur contemporain très connu qui ré-écrit toujours la même histoire dans ses romans, il faut bien l'avouer. Le recueil est donc parsemé d'une petite touche d'humour et ce n'était pas pour me déplaire !

    Plus précisement :
    Maneater est peut-être la nouvelle que j'ai le plus apprécié. Le personnage est froid, assez détaché de ce qui lui arrive et se fou éperdument des conséquences. L'humour ironique et noir dont je parlais se trouve ici dans tout son ampleur ! Si je pouvais, je pousserai l'auteur à creuser plus loin, je pense qu'il y a plus de matières à exploiter que quelques dizaines de pages.

    Pars vite mais ne reviens pas trop tard… est la nouvelle la plus drôle. Comment ne pas s'empêcher de sourire devant ce fameux auteur connu qui n'arrive jamais à conclure sa scène d'amour sans un drame ? Celle-ci est vraiment à lire !

    Harcèlement aussi est plutôt drôle, la fin un peu moins. La nouvelle m'a bien amusé. C'est dommage au fond que les personnages n'arrivent à échanger et à débattre de leur goût en terme de lectures. C'est vrai que la nouvelle ne serait pas aussi intéressante sinon !

    Éloge de John Wayne n'a pas réussi à me captiver. La raison en est toute simple, John Wayne à part ce que "le grand public" en sait je ne connais pas. J'avoue mon manque de culture cinématographique... Ce n'est pas que la nouvelle n'est pas intéressante, mais qu'elle présente trop de détails et de référence qu'il faut connaître pour comprendre. Je suis donc passée à côté. Peut-être faut-il essayer de rendre cette nouvelle plus abordable pour tout le monde ?

    La petite fille qui n’aimait pas Noël m'a intrigué, la preuve en est que je l'ai lu deux fois, mais au final je n'ai pas accroché. Trop de sous-entendu. Là encore c'est peut-être moi mais j'ai l'impression d'avoir loupé quelque chose avec cette nouvelle.

    Décadences est pas mal du tout ! Une idée originale et bien écrite avec en prime une très bonne chute. J'hésite à lui décerner la première place avec Maneater. Décidemment plus c'est noir, plus j'aime ça.

    Prospérine la louve vaut le détour. Le ton sombre est de mise, vous êtes prévenus. C'est particulièrement triste mais aussi intrigant et on reste captivé jusqu'au bout pour connaître l'ampleur de la vengeance de cette pauvre femme bafouée.

    Métaphysique des mails m'a fait sourire mais sans plus. Les personnages deviennent au fur et à mesure violents et cherchent à blesser l'autre, cependant l'originalité ici c'est que la violence à lieu à travers des mots. La progession est plutôt bien faite !

    Après avoir rédigé cette critique, je me rends compte que j'ai un avis plus favorable qu'avant de la commencer ! Cela tout simplement parce que il m'arrive encore d'y penser et d'essayer d'élargir les idées que l'auteur a soulevé. Bref ça me fait réfléchir et la lecture ça sert aussi à ça !

    B.


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  • Vanessa Schneider, Le pacte des vierges

    192 pages

    Résumé :
    2008, Gloucester, États-Unis. Dix-sept jeunes filles d’un même lycée tombent enceintes en même temps. Stupeur dans la ville. La rumeur publique fait état d’un pacte. Les gamines se seraient concertées pour faire et élever leurs enfants ensemble. Qu’en est-il exactement ? 
    À une journaliste venue enquêter sur l’événement, quatre d’entre elles se racontent. 
    Il y a Lana, la meneuse, dont le père a disparu un jour, la laissant seule avec une mère devenue mutique, abrutie de médicaments, d’alcool et de télévision. Placée un temps dans un foyer, elle y a rencontré Cindy dont la mère a quitté le domicile pour s’enfuir avec le plombier et que sa tante a ensuite recueillie. Il y a Sue, coincée entre ses parents puritains et bien-pensants, et Kylie, qui partage la passion de sa mère pour Kylie Minogue et enchaîne les concours de Mini-Miss depuis toute petite. 
    Leurs voix se succèdent pour évoquer le « groupe », leurs relations, le mystère de leur grossesse multiple et ce pacte, qui leur permet d’échapper au quotidien d’une ville portuaire où le chômage et ses conséquences déciment les familles et laissent peu de place à un avenir meilleur. 
    À travers la narration croisée de ces quatre vies d’adolescentes, à travers le récit de leur enfance et de leurs blessures, de leurs espoirs et de leurs bonheurs, Vanessa Schneider nous raconte avec tendresse et non sans humour une certaine société américaine entre désoeuvrement, rêves et réalité.


    Critique :
    Le titre me disait quelque chose. Je crois bien qu’il faisait parti des romans sélectionnés pour la rentrée littéraire de l’année dernière. Et comme j’apprécie toujours les romans de cette maison d’édition, mon choix était fait !

    Le récit est haut en couleur, d’une originalité à tout point de vue ! C’est tiré d’un fait divers, c’est ça qui m’a le plus intrigué parce que cela me paraît tellement improbable...
    On suit l'enquête d'une journaliste sur un groupe de jeunes filles qui décident de tomber enceinte au même moment. Sa façon de raconter l'histoire est également très originale. Elle la narre à la manière d'un interrogatoire en changeant à chaque chapitre de personnes. Elle arrive cependant à faire suivre l'histoire de façon logique, on en apprend un peu plus à chaque page. Le fait d'avoir différent point de vue sur les avancées du pacte est également très intéressant. On voit bien que les filles ne l'ont pas conclu exactement pour la même chose et que sous leur forte unité se cache quelques failles. Chacune des filles a une personnalité bien à elle. On parle plus d’un groupe parce qu’il existe une meneuse que pour une réelle attache entre-elles finalement.

    En tout cas c’est de suivre la conception de cette drôle d’idée que d’avoir un enfant en même temps puis son évolution jusqu’à sa réalisation qui m’a interloqué et plu. (Et en prime l’auteur a un style agréable à lire !)

    L’auteur joue avec les limites entre la fiction et la réalité. On se demande si elle a vraiment pu approcher et parler avec ces jeunes filles. Où commence le travail de l’écrivain et non plus du journaliste, je l’ignore… Après tout ce n’est pas le plus important, le but du roman est moins de faire connaître la réalité que d’interpeller les gens sur des problèmes de société : les problèmes familiaux, le sexe, la scolarité. Voilà un roman qui pose des vrais questions et j’aime ça.

    B.


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  • Joseph Kessel, Belle de jour

    176 pages

    Résumé :
    Ce que j'ai tenté avec Belle de Jour, c'est de montrer le divorce terrible entre le cœur et la chair, entre un vrai, immense et tendre amour amour et l'exigence implacable des sens. Ce conflit, à quelques rares exceptions près, chaque homme, chaque femme qui aime longtemps, le porte en soi. Il est perçu ou non, il déchire ou il sommeille, mais il existe.


    Critique :
    Quand je l’ai vu reposé sur une étagère, je me suis dis « génial, un classique que je voulais lire depuis longtemps ! » mais le nom de l’auteur me rappelait Le lion et non celui d’un auteur de classique. Effectivement je pensais à Belle du seigneur d’Albert Cohen, autrement dit rien à voir… On a parfois tellement de titres et d’auteurs dans la tête qu’on mélange tout !

    Ca a été une très bonne découverte pour autant ! On suit une jeune femme, du nom de Séverine, et ses démons intérieurs. Elle est poussée par une force incontrôlable à assouvir ses besoins charnels tout en étant profondément amoureuse de son mari.
    C’est un très bon roman psychologique, où l’on côtoie les limites de l’Homme et ses recoins les plus sombres, un genre qui me satisfait plutôt bien en ce moment.
    Séverine est attachante dans toute sa complexité, et c’est ce qui fait le charme de son personnage. Elle n’est pas seulement toute noire ou toute blanche. Elle-même a dû mal à se comprendre. Bref un personnage avec de la profondeur, comme je les aime !

    Est-ce que Séverine va s’en sortir ? Et comment ? En ayant détruit quelle partie de sa vie ? Toutes ces questions l’auteur y répond très bien et de manière subtile. On a le droit en plus a une jolie plume. Que demander de plus ? Reste à savoir si le sujet vous intéresse…

    B.


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  • Jean-Marie Chevrier, Le navire aux chimères

    240 pages

    Résumé :
    Rescapé d’une tempête au large de la Guinée Bissau, "La Frileuse" s’échoue bien mal en point près d’un fort perdu tenu par quelques portugais. Lassé de tant de courses commerciales à travers le monde, Saint Elme, son capitaine, a lui aussi rompu les amarres avec sa Charente natale, la civilisation et ce siècle des Lumières qui s’effacent dans ces tristes tropiques, ces terres vierges et inquiétantes peuplées de tribus promises à l’esclavage.
    A bord, une cargaison pourrissante, un officier cultivant les plantes carnivores, un second hostile qui pressent le glissement progressif de Saint Elme vers l’enlisement et la folie. Désormais prisonnier de hantises surgies de son enfance, de l’image érotique et obsédante d’une grand-mère morte, du fantasme insoupçonné de lui inspiré par un jeune esclave noir, le capitaine va se perdre peu à peu « au cœur des ténèbres ». Et quand dans sa cabine, le soir, il joue du Rameau sur son clavecin, ce sont des tams-tams menaçants qui lui répondent au loin. Comme s’il avait décidé d’en finir, comme s’il pouvait percer le mystère de ce continent noir, il se lance alors dans une expédition suicidaire à l’intérieur des terres et entraîne son équipage vers une mort certaine.


    Critique :
    C’est un livre qu’on m’a donné et depuis le début je trouve qu’il dégage quelque chose d’étrange qui m’en a fait repousser sa lecture. La couverture, le résumé et même le titre dégagent un certain mystère.

    Cette impression est restée tout au long de ma lecture. C’est un roman avec une aura particulière, un style différent. J’essaye depuis des mois d’en écrire une critique convenable mais impossible ! Ce livre m’a laissé une telle impression qu’à chaque fois que j’essaye de mettre un mot dessus elle s’échappe. Tout ce que je peux en dire c’est que c’est un roman qui m’a énormément troublé et avec le recul je peux même dire que ce fut une lecture inoubliable.
    Le capitaine, personnage principal du roman, a coupé tout lien avec la civilisation, la France et le rythme intrépide de la vie. Il a laissé la réalité comme nous nous la connaissons derrière lui. On sombre avec lui dans son univers décalé, complètement fou, et cependant… Il réside une logique quelque part, enfoui profondément dans son esprit.

    Les paysages décrits sont magnifiques. J’ai adoré l’atmosphère que l’auteur a su retranscrire. C’est une ambiance douce et calme, presque un roman fait pour se relaxer.

    Sûr qu’en le lisant, ce roman va vous ébranler. La meilleure façon de comprendre cette critique est encore de le lire…

    B.


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  • Cécile Fraboul, Le Messager

    290 pages

    Résumé :
    Quand Matthias Keller apprend qu’il est condamné par un cancer, ce qu’il envisageait de son existence se réduit à peau de chagrin. Décidé à profiter du mois qu’il lui reste à vivre, il met de l’ordre dans ses affaires et entreprend de réussir son départ.
    C’est compter sans les autres, ligués pour lui pourrir la vie : une petite amie qui s’évanouit dans la nature avec ses économies, une sœur qui a anticipé son rôle d’héritière, une juge qui veut lui coller un meurtre sur le dos, un tueur à gage qui le poursuit de ses assiduités et, pour finir, un laboratoire qui s’est trompé : il ne meurt plus.
    Maîtriser son avenir quand le présent se corse peut devenir un exercice de haute voltige.
    Entre la France, le Kenya, l’Italie et la Suisse, l’itinéraire mouvementé d’un égoïste patenté.


    Critique :
    Je remercie pour la dernière fois les administrateurs du site Les agents littéraires puis ce qu’ils passent le relais, en espérant que leurs successeurs seront aussi sympathiques et efficaces !

    Merci également à l’auteur Cécile Fraboul pour m’avoir permis de découvrir son roman et j’en profite pour m’excuser du retard que j’ai pris pour publier cet avis !

    J’ai trouvé qu’il y avait plusieurs tons différents dans son livre, qui se suivent par phases. On a d’abord un côté dramatique, puis le genre policier fait son apparition, on passe aussi par une phase un peu thriller, ou encore romantique. C’est un assez gros mélange de genre et au final j’ai eu l’impression d’avoir lu plus qu’un seul livre ! Pour autant la trame du récit est très claire et on arrive bien à suivre. Même si l’auteur réussi à varier son style, elle déroule le fil de son histoire de façon très ordonnée. Cette diversité est vraiment un bon point pour moi, ça ne fait qu’enrichir le roman.

    Il y a différentes actions dans le roman que l’auteur relie au fur et à mesure. Ces liens entre les différentes parties, qui n’ont pas forcément de rapport au premier abord, m’ont surprise. Ils sont parfois un peu tirés par les cheveux… Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris pour être honnête, mais il y a un peu trop de petites choses qui vont bien parce que l’auteur à écrit que ça collerait alors qu’il existe mille autres possibilités d’écrire les choses. C’est très souvent le cas dans les romans, mais c’est un peu trop flagrant ici.
    Par exemple quel est le rapport au final entre les trompettes de la mort et le complot ? Je ne vois pas trop non plus ce que vient faire le suicide de Danièle dans le roman, même si c’est un passage qui m’a touché et que j’ai énormément apprécié !

    C’est peut-être le résumé aussi qui m’a un peu trompé parce que je m’attendais à suivre quelqu’un qui se croit condamné puis retrouve une vie « normale » alors que finalement l’histoire se concentre plus sur l’acharnement que des personnes ont à lui faire porter le chapeau d’un crime qu’il n’a pas commis. Pour le coup le résumé n’est pas tellement représentatif du bouquin… C’est un peu la faute au principe du partenariat parce que je suis obligée de lire le résumé alors que je préfère commencer un roman sans avoir aucune attente.

    Les personnages m’ont énormément plu. Ils sont vivants, expression que j’utilise souvent mais qui pour moi veut tout dire. On y croit tout simplement en fait. Ils ont des réactions censées et logiques face à ce qu’ils leur arrivent. Suffisamment de peine, de paranoïa, de douleur, de petites joies, etc. sans tomber dans l’excès ! Pourtant ce n’était pas évident avec le thème de la mort imminente et du complot.

    On voyage beaucoup avec ce livre. On va en Suisse, en Italie ou encore en Afrique. Fraboul change de décor avec aisance et crée d’emblée une atmosphère où l’on a envie de rester. Là non plus ce n’est pas évident de changer aussi souvent de lieu et de point de vue sans risquer de perdre le lecteur.

    Vous l’aurez compris c’est un livre que j’ai lu avec grand plaisir et qui m’a captivé du début à la fin. En plus quelle joie de recevoir le bouquin et de voir une magnifique couverture ! (Gros point noir des livres peu connus je trouve, car les couvertures sont souvent désagréables à regarder.)

    Un roman recommandable par tous et pour tous !


    La phrase de la fin :
    "J'avais une demi-heure pour attraper mon train, je ne suis pas remonté."

    B.


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